Forum 900 XJ et variantes

Titre clin d'oeil à un autre film, dramatique celui-là, dans lequel Sami Bouajilah joue le rôle du jardinier nord africain en butte à la suspicion raciste qui le désigne injustement comme l'assassin de sa patronne, parce qu'elle l'avait prétendument dénoncé avant de mourir en écrivant de son sang le célèbre « Omar m'a tuer », dont le film -excellent au demeurant- qui traite de ce fait-divers authentique a fait son titre.
Non. Ce Omar qui m'a « scier », c'est l'Omar Sy que vous avez sûrement kiffé comme moi, braves gens, dans l'inénarrable « Intouchables » d'Olivier Nakache et Eric Toledano. Le tandem de choc a remis ça pour nous concocter un nouvel opus, plus dans la retenue du point de vue comique pur, mais pétri de qualités. Je parle bien sûr de « Samba ». Ca y est, on se l'est payé ce soir, et on n'a pas regretté, loin s'en faut.
Le tandem est en fait un trio, puisqu'Omar est l'acteur fétiche qui accompagne Nakache et Toledano quasiment depuis leurs débuts. Et le trio gagne en finesse au fil des films, pas à dire. Celui-ci nous plonge dans le monde des travailleurs clandestins, les petites mains exploitées par la « France qui se lève tôt ». Un mélange pittoresque où le noir est la dominante colorée. Omar-Samba en est un exemplaire ordinaire qui bosse en France clandestinement depuis 10 ans quand l'histoire commence. Au fil des rencontres il se lie d'amitié avec un faire-valoir qui vaut lui aussi le déplacement. Son pote Wilson (Tahar Rahim, excellent), soi-disant Brésilien qui a bien peaufiné son style, vaut le détour lui aussi. La galère les mène vers une asso où grenouillent Alice la novice (Charlotte Gainsbourg) et Manu la dégourdie (Isïa Higelin). Se mettre en règle pour vivre enfin sans la trouille, ça prend du temps, c'est presque un métier, c'est un destin. Ca fait en tout cas un super film dans lequel le savoir-faire des scénaristes réalisateurs dialoguistes dose habilement les rebondissements gentiment anxiogènes, les situations cocasses et les répliques qui font mouche. Omar m'a "scier", je vous dis : il crève encore l'écran, mais cette fois tout en retenue, comme en douce. Exactement comme s'il craignait toujours d'être repéré par les keufs, sans oser trop y croire quand ça tourne bien pour lui. Il est...touchant. Et au passage j'ai trouvé Charlotte-Alice bien crédible et craquante en cadre sup burn-outée qui se refait une santé mentale en fréquentant les infréquentables. Et Isïa-Manu toujours aussi déjantée.
Paraît que la critique de Télérama à propos de ce film est incendiaire. Ces messieurs trouvent le film dégoulinant de bons sentiments. C'est leur idée, à ces pisse-froid. Moi, des bons sentiments traités avec autant de finesse, avec en prime des gags jamais lourdingues (à part peut-être une séquence de samba-strip-tease-avorté sur une nacelle de laveurs de carreaux, qui vaut ce qu'elle vaut sans plus, à mon sens), des bons sentiments comme ça j'en redemande. Sûr que ce film finira dans ma vidéothèque quand il sera pas trop cher en DVD.
Courez-y !

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"Y a une route c'est mieux que rien
Sous tes pieds c'est dur et ça tient"
Gérard MANSET

pas vu (pas encore) mais ça ne saurait tarder. J'en entend vraiment que du bien