J'avais presque oublié la star BCBG ! C'est dans ce petit film, "
La tête haute", qu'elle réapparaît après s'être faite discrète depuis un moment. Je ne suis pas hyperfan de cette dame, et les propos méprisants qu'elle a tenus (si j'en crois les ragots pipeules) sur les dunkerquois au moment de la sortie du film pour Cannes m'auraient plutôt incité à le boycotter, comme de nombreux dunkerquois, outrés par ses outrances, ont déclaré qu'ils le feraient...
Pourtant, une copine de là-bas (où j'ai vécu 25 ans) m'a dit qu'elle avait kiffé le film un max, malgré tout. Ma femme (dunkerquoise pur-jus) et moi on a donc voulu essayer quand même.
Ca nous conte le parcours chaotique d'un jeune en difficulté, entre sa tendre enfance et sa sortie du dernier centre de rétention avant son entrée supposée dans le monde libre, en passant par une petite case prison. L'accent est mis sur le travail relationnel qu'entreprennent sa juge (Deneuve, impériale il faut bien le dire), son éduc (B.Magimel, fort bon lui aussi) et tous les acteurs de la filière éducation sociale. Ca dépote souvent pas mal, c'est mieux rythmé que dans le "Mommy" que j'ai descendu ici il y a peu, à cause de plages de respiration plus fréquentes. Ce n'est pas un grand film mais on a été accrochés quand même, surtout pour la prise de conscience de ce que peuvent endurer les éduc et même les juges, sans avoir le droit de "péter un cable"...
Comme la plupart des critiques, y compris les moins enthousiastes concernant ce film, je salue la performance de Rod Paradot (un parfait inconnu déniché par la réalisatrice Emmanuelle Bercot) qui assure parfaitement en Malony, le jeune "à problèmes".
Par ailleurs, je ne sais si un juge pour enfants se rend dans les CRO (centre de rétention ouvert) où sont placés les jeunes de ses dossiers, pour y fêter des anniversaires, ni si il tutoie et cornaque beaucoup d'éducateurs, comme c'est le cas ici. Ca paraît gros mais ça passe, grâce au jeu des acteurs. Ils sont tous convaincants, fort investis jusqu'à l'intensité, excepté le personnage du jeune procureur peut-être. C'est un peu plus limite aussi pour Sara Forestier (la mère du jeune Malony), parfois crédible, parfois presque risible tant la caricature de "cassos" (cas social en jargon éduc) qu'elle nous fait ici paraît brossée au marker fluo, le détail de trop étant sans doute sa prothèse dentaire façon "Zézette épouse X" ( bien connue chez les fans du Père Noël même quand c'est une ordure ...)
Le film est généreux et plutôt nerveux, pas trop complaisant dans le pathos et dans un style plus systématiquement docu, moins m'as-tu-vu que "Mommy" auquel on l'a parfois comparé. Rythmé en montagnes russes comme peut sûrement l'être la vie d'un jeune en grand danger de basculer définitivement vers la haine, faute d'avoir reçu assez d'amour, il donne parfois l'impression d'être à la limite de la vraisemblance (je pense aux péripéties finales dans la clinique notamment). Mais le parti pris d'optimisme est rafraîchissant, tous comptes faits. Et encore une fois, chapeau Paradot !