Dans la sélection cannoise y avait le dernier Woody Allen, "Cafe society". La pluie nous a poussés au cinoche hier aprem, et on n'a pas regretté ! Le film nous raconte l'ascension sociale d'un petit gars nerveux, sensible, malin, opportuniste et juif (toute ressemblance avec certain célèbre réalisateur new-yorkais n'étant pas le fruit du hasard, bien sûr...) qui débarque dans la vie active à New-York juste après la grande crise disons. Son tonton est un producteur en vue installé à Hollywood. Il accepte de lui mettre le pied à l'étrier, allant jusqu'à le confier à sa jolie secrétaire pour qu'elle lui fasse visiter la ville des stars, flairer l'ambiance de leur vie de rêve, tout ça. S'en suit bien sûr une idylle que ce film magnifique prend tout le temps de développer, avec ses hauts et ses bas, ses espérances et ses désillusions, d'Hollywood à New-York. Woody Allen, en grande forme, nous sert sur un plateau notre dose de plaisir esthétique, affectif et cérébral. Esthétique, à coup de lumières travaillées exaltant couleurs, costumes et décors somptueux, d'une bande son jazzy à tomber, de femmes sublimes... Affectif, à coup de personnages sensibles et lucides derrière le masque mondain...Cérébral enfin, à coup de dialogues subtils et incisifs où l'autodérision transpire souvent... Il ne se passe rien, ou si peu. Rien d'important ne se dit sérieusement, mais une solide réflexion sur la judéité assumée passe l'air de rien par des morceaux de dialogues ou par la voix off du maestro revenu de tout, avec en toile de fond l'amour des femmes et de New-York comme un legs brillant, la grande affaire de sa vie d'artiste raffiné. Autant j'avais trouvé laborieux son "Homme providentiel" et presque lassante sa "Blue Jasmine", autant j'ai été ici accroché, emporté malgré la vanité toujours en filigrane. Bref, une alchimie portant la griffe Woody allen qui a très bien fonctionné pour moi, cette fois.
_________________ "Y a une route c'est mieux que rien Sous tes pieds c'est dur et ça tient" Gérard MANSET
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