Voilà un film d'animation qui vaut le coup, à voir avec ses enfants (ou ceux des autres...) pas trop jeunes pour en discuter avec eux, ou même sans enfant, pour soi-même, comme je viens de le faire avec ma moitié. Avec Parvana on est loin des standards américains qui conditionnent le succès assuré, chez eux, d'un long métrage d'animation. Pas de surenchère aux effets spéciaux 3D, pas de surenchère scénaristique privilégiant une certaine frénésie évènementielle, pas de dialogues brillants façon ping-pong verbal inspiré truffé de trouvailles désopilantes, rien de tout ça. Non pas que l'esthétique soit bâclée, loin s'en faut ! La gestuelle des personnage est fluide et agréable, le coup de "crayon" est synthétique mais fort juste, les décors sont soignés, dans des tons pastels aquarellés, même si la couleur devient plus présente, magnifiant un crayonné encore plus synthétique lors des séquences faisant référence au conte traditionnel. Car pour nous conter la tranche de vie de Parvana, une jeune afghane, qui décide de se déguiser en garçon afin de pouvoir sortir dans les rues de Kaboul en l'absence de son père emprisonné et aider ainsi sa famille à survivre, pour replacer les choses dans un contexte de guerre et de terreur, le scénario se sert habilement d'une sorte de mise en abîme : Parvana raconte à son petit frère une histoire dont les développements sont raccords avec les épreuves qu'elle traverse. C'est brillamment construit, sans temps mort mais sans hâte, la mayonnaise prend bien vite et nous prend aux tripes sans coup férir. On s'attache, on s'indigne, on se demande comment un peuple si fin peut supporter tant de tyrannie, on ouvre les yeux s'il en était besoin sur notre chance indécente. Autant dire que derrière le formel, qui tient solidement la route, il y a du fond, du profond... Chapeau les artistes !
_________________ "Y a une route c'est mieux que rien Sous tes pieds c'est dur et ça tient" Gérard MANSET
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